Entretien avec Clémentine LUZU, Ergothérapeute et Formatrice
Interview – Clémentine Luzu, ergothérapeute spécialisée en périnatalité et petite enfance
1. Pouvez-vous nous parler de votre parcours et comment vous vous êtes spécialisée en périnatalité et petite enfance ?
Je suis ergothérapeute diplômée d’État depuis 2009, avec une spécialisation en périnatalité et petite enfance. Dès le début de ma carrière, je me suis orientée vers l’accompagnement du bébé et du jeune enfant. J’ai notamment travaillé pendant trois ans dans une crèche spécialisée accueillant des enfants en situation de handicap et dans un service de soins à domicile pour enfants. Ces expériences ont renforcé ma volonté de construire une approche globale, à la fois centrée sur l’enfant et en lien étroit avec sa famille.
Plus tard, j’ai poursuivi de nombreuses formations complémentaires : en troubles de l’alimentation en pédiatrie, en intégration neurosensorielle, en coaching en ergothérapie (OPC), et en autisme (notamment ABA, TEACCH). J’ai également obtenu deux diplômes universitaires : l’un sur la paralysie cérébrale (2013), l’autre sur les soins centrés sur le nouveau-né et l’allaitement maternel (2021, UBO). Ma pratique inclut aussi des outils issus de mes formations en portage physiologique, diversification menée par l’enfant (DME), massage bébé Shantala et lactation.
2. Quels sont, selon vous, les défis actuels pour les professionnels travaillant en petite enfance ?
L’un des enjeux majeurs aujourd’hui est la prise en compte de la complexité des besoins des jeunes enfants tout en intégrant leur environnement familial et scolaire. Les professionnels doivent développer une approche sensible, respectueuse centrée sur l’enfant mais aussi sa famille, tout en travaillant en lien avec les autres acteurs du soin et de l’éducation. Cela suppose des compétences relationnelles avancées, mais aussi la capacité à se remettre en question et à actualiser ses pratiques. L’ergothérapeute doit pouvoir mettre à profit ses compétences et son savoir sans se positionner en sachant et favoriser le partenariat et l’approche parent expert ou patient expert. Enfin, je dirais que la pression liée aux diagnostics précoces sont également des défis importants.
3. Vous animez une ou plusieurs formations chez Hestia Formation. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette/ces formation(s) et à qui elles s’adressent ?
Chez Hestia Formation, je propose actuellement deux formations. La première s’intitule « Ergothérapie et partenariat parental : une approche clé pour renforcer l’efficacité de l’accompagnement de l’enfant et de sa famille ». Elle s’adresse aux ergothérapeutes qui souhaitent enrichir leur posture posture professionnelles. L’objectif est de renforcer l’alliance thérapeutique avec les familles pour des interventions plus efficaces et durables.
La seconde formation, « Ergothérapeute & Enseignant : construire un partenariat de qualité », est conçue pour outiller les professionnels dans leur travail et leurs échanges avec les différents acteurs de l’Éducation Nationale et notamment les enseignants. Elle propose des clés concrètes pour améliorer la communication et créer une véritable coopération au service de l’enfant.
4. Comment adaptez-vous votre enseignement en fonction des différentes disciplines que vous abordez ?
Mon enseignement s’appuie sur une pédagogie active et contextualisée. Je veille à partir des situations concrètes rencontrées par les participants pour construire ensemble des réponses adaptées. En croisant mes expériences en libéral, en crèche, en milieu scolaire, et en tant que chargée de mission « coordination des missions d’appui à la scolarisation », je propose une approche globale, répondant à tous les besoins et aux différents accompagnements que l’on peut rencontrer. L'alternance entre théorie, étude de cas, jeux de rôle, création d’outils et temps d’échanges permet à chacun de s’approprier les contenus et de les transférer dans sa pratique quotidienne.
5. Quel conseil donneriez-vous aux professionnels qui souhaitent se former à l’accompagnement parental ou à la collaboration interprofessionnelle ?
Je leur dirais que se former, c’est avant tout s’ouvrir. Cela permet de sortir de l’isolement, de développer sa posture professionnelle, mais aussi de retrouver du sens dans son travail. Travailler en partenariat avec les familles ou les collègues d'autres disciplines nécessite d’être au clair sur son rôle, de savoir poser un cadre et de valoriser les compétences de chacun. Cela ne va pas de soi, et c’est justement ce que la formation peut apporter : des repères, de la confiance, et des outils concrets.
6. Avez-vous une anecdote ou un retour d’expérience marquant d’un stagiaire ayant suivi l’une de vos formations ?
Je suis contente, dès que je reçois un message disant « merci Clémentine, hier j’ai proposé ça ou si aux parents et ils ont directement adhérés, avant je n’aurais jamais osé. Ils sont repartis ravis et je sens que ça va être un accompagnement vraiment coconstruit et intéressant ».
